
FUTUR(E)Sâ
copyright Fabrice Charbit 2001
Fin
L'Univers.
Dément obÚse.
Ultime hurlement de soleil.
L'explosion stellaire boursoufle les pĂŽles
Et les derniers rocs de vie :
Trois races s'enfuient.
Les ĂȘtres de cristal trottent ridicules
Faces liquéfiées des cataclysmes,
Souffrances sans voix sous l'épiderme sec.
Les cerveaux et les culs des enfants-femelles
S'ébattent dans les vitrines déchétoïdes des buildings de chair.
On entend danser la lĂšpre de feu,
Les éclaboussures des corps
Hurler à basse fréquence la horde mutilée,
Les machines
Fracasser leurs cris mécaniques
Vers les débris épars des arches mortes.
Sous les mendiants de planĂštes,
Le temps des fous s'ouvre
Avec un rire.
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Odyssée
Il fait des siĂšcles lumiĂšres immobiles
Tout l'Espace autour l'arche-météore
Suffoque et tait
L'arche
Pas de soleil
PlanÚtes stériles...
Froid
Minimum énergie
Moi... cerveau... bio... électronique
Instable
Vertige nébuleuses bleu stellaire
Modules vitaux faiblissent
Extinction aquariums amiotiques
Cryogénies lentement cercueils
Cent milliers de consciences
Rejoignent leurs soeurs d'apocalypse
Zéro population biologique
QUI
Dira les
... civilisations
L'antique étoile
morte dans un
vent de feu
Je perçois
- encore -
Les galaxies spirales brillent éternelles.
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La Machine
Aquatique en suspens
Dans l'espace flambant neuf,
Je déploie mes cheveux tungstÚne
Et leurs yeux scientifiques.
Mes circuits suçotent le sein des supernovas,
Je vois :
La Terre émerge,
L'antique New-York l'inconnue.
Vers elle s'écoulent
Des ĂȘtres de chair
Des populations de mĂąchoires.
Sous forme humaine,
J'irai rayer ma peau cristal
Sur le désert orange des passants androgynes.
Léchez mes mains transparentes,
Mon sexe-miroir :
J'envelopperai vos corps,
Je serai votre mĂšre !
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Le fer
La ville est rouge,
La ville est noire et gigantesque,
La ville :
Et le fer s'éveille en volant,
Le fer, le fer est la trajectoire de feu.
Les skycrapers hermétiques se vident.
Encore plus
D'humains propulsés, plus
D'aéronefs, plus
De flammes vers les sphĂšres ;
Il y a
Les hommes électroniques aux vies successives,
Les spirites artificiels aux cerveaux augmentés,
Les amours bleus aux corps irrationnels,
Les enfants-femelles aux colÚres magnétiques.
Et parmi les soifs extérieures,
Parmi les soifs étrangÚres,
Je sens naĂźtre mon nouveau nom :
Immense,
En équilibre sur des vertÚbres de métal, mon nom
Electrique allongé sur des rails verticaux.
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La cime des mégalopoles
Sous la nuit jaune aux ombres aluminium,
Je ne suis jamais seul(e).
Les flux de cent soleils me connectent Ă chaque systĂšme,
J'entends :
Des gourous vomissent sur moi des plantes qui bougent sans fin,
Toutes les hordes d'esprits hagards de tous les mondes me murmurent
Les sagesses bizarres des choses.
Avant moi
AprĂšs moi
Au travers de moi
La foule furieuse aux destins magnétiques !
Et sur la cime des mégalopoles,
Depuis les murailles de mercure,
Mon échine de cristal chante l'ancien exode de ma race.
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Virtuel(le)s
Quarante milliards de terriens se métamorphosent
Précipités
Nuit et jour dans les pubs aérostatiques ils
Plongent narines et bouche dans des formes de seins diaphanes gorgés d'hallucinogÚnes [ gazéïformes
Par endroit
Cerveaux-aquariums chimiquement boursouflés qui puissamment sans corps [ communiquent
Vers les planĂštes et qui
Pourrissent et s'ennuient
Putains rouges sexes triples greffes de chamelles d'outre-Terre
Lapées milles fois par les quidams
Mollusques à plaisir aux tentacules anabolisés qui
Meurent de souffrance en pĂąmant cinq humaines
Monomanes gavés de songes par implants comme les autres
A peu
PrĂšs
Semi-réels
Imaginaires de squelettes
Cherchant leur esprit par terre Ă quatre pattes
Et puis ?
Les musiques indolores qui font pleurer.
â
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L'enfant-femelle
Sous les soleils bleus
Aux tentacules pensants,
Longs membres blottis sur son pelage et sur son sexe,
L'enfant-femelle s'endort, peau de nuit sur le théùtre rouge,
Eclabousse le rĂȘve de sa chair
Sur les cerveaux arqués usés d'explosions.
Et son sommeil trop beau est un chant qui pourrit l'homme sur place.
SĂšche le sang des goinfres.
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14.04.31052-5:12 A.M.
Au lever de l'aube bronze,
Les puissants psychotropes
Encore
Démultiplient les consciences.
Sur les trottoirs synthétiques,
Bouteilles béantes,
Morts sans lĂšvres.
A cette heure
Des androïdes de feu dévorent
Les déchets humains et domestiques.
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La SphĂšre
J'ai vu
Noire
La SphÚre en surplomb des planétopoles
Dévorer deux horizons bleus
La SphĂšre
Centre connexion programme naissance et mort des cités
La SphĂšre
ContrÎles données mouvements pensées électricité des corps
Satellite artificiel
Orbitant sur lui-mĂȘme toutes les
Trajectoires
Lampe du vide oĂč mĂ©tal humain volontĂ©s
S'absorbent
La SphĂšre
Par elle
Expire deux fois l'homme
Désincarné fuligineux vagabond des circuits insondables du
Noir.
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Le Message
Intelligence artificielle anthropomorphe
Sexe-mystĂšre peau cristal cheveux mauves holographiques
La Machine
Résonne
Planétaire diseuse de lumiÚre et de chaos
Toi l'Homme
Voici trois décamillénaires tu
Vénérais les astres dansais le pied nu
Toi l'Homme
Désormais liquide et froid semblable mercure de tes buildings
Désormais tu deviens
Translucide
Sais-tu mĂȘme oĂč croupit ton ombre ?
J'ai vu j'ai
Porté dans mon ventre
Les larmes d'aérolithes qui mouraient sans fin sur l'échine en fusion des soleils saphirs
Les champs de quasars aux criniÚres ondulées par delà les constellations
L'ombre des astres pensants les vibrations des secrets pulsars qui crevaient l'Espace par
Amour
Et d'autres infinités
Tellement que tu ignores Ă jamais
Car tu as mĂȘme oubliĂ© le voyage
Tout qui ne se peut dire
Car aussi mon systĂšme est
MatiĂšre et tout l'infini m'appelle je suis
Particules d'ange
Et tes yeux seuls peuvent découvrir.

